La ligne de Montélimar à Dieulefit

La ligne de 28 km comporte de nombreuses gares, haltes ou abris. Le point de départ de la ligne était situé à côté de la gare du ‘’PLM’’ de Montélimar. Située au niveau de l’entrée des véhicules de la gare SNCF actuelle, cette voie permettait le transbordement des marchandises entre les wagons du picodon et ceux du PLM (roulant eux sur voie normale !) Le train va alors circuler en plein centre-ville avant de traverser le Roubion sur un pont métallique (au pied du château) pour gagner le quartier Espoulette et sa « grande gare »

Montélimar- Espoulette

La gare suivante, et la plus importante de la ligne, était à Montélimar-Espoulette ; elle comprenait non seulement un bâtiment identique à la gare de Dieulefit, mais en plus deux remises, dont une en bois, qui servaient à stocker le matériel roulant (locomotives, voitures de voyageurs, wagons) pour les révisions et la remise en état de ce matériel. Il y avait une grue pour pouvoir charger des marchandises sur les wagons. Cette gare à servi aussi à la construction de la ligne en assurant le stockage du matériel nécessaire (traverses, rails, boulonnerie, train de travaux, ….). Il n’en reste rien aujourd’hui.

Gare de Montélimar – Espoulette
Montboucher sur Jabron

Après, c’était Montboucher sur Jabron (nous ne disposons d’aucune photo) Celle-ci se situait au niveau du pont de l’autoroute actuelle et fût peut-être détruite lors de la construction de l’A7. (D’autres disent que c’était au niveau de l’ensemble station-service, bar-tabac actuel). D’octobre à janvier, c’était la période des betteraves à sucre avec un fort trafic spécifique.

Puygiron

Ensuite, c’était Puygiron, (gare en fait située sur la commune de La Bâtie Rolland !) ; elle existe encore dans son état d’époque, dans une propriété privée. De cette gare étaient expédiés jusqu’à 10 wagons par mois de pierres ou de blé.

La Bâtie Rolland et Portes en Valdaine

Après, nous arrivons à La Bâtie Rolland, gare toujours présente. Comme à Montboucher, grosse activité en saison de betteraves.

Ensuite, l’abri de Portes en Valdaine, au bord de la D 540 (mais situé sur la commune de La Bégude)

La Bégude de Mazenc

La Bégude de Mazenc existe encore. Il y avait un château d’eau, pour ravitailler les locomotives et un stockage de charbon. D’octobre à janvier, lors de la récolte des betteraves à sucre, il y avait des trains composés de wagons destinés uniquement à ce transport jusqu’à la gare de Montélimar (betteraves ensuite acheminées vers la sucrerie d’Orange). Comme il n’y avait qu’un train de marchandises par jour prévu pour ce transport, les betteraves étaient stockées sur la grande place de La Bégude de Mazenc où le tas pouvait atteindre jusqu’à 2 ou 3 mètres de hauteur !

Souspierre

Ensuite Souspierre, qui était située au bord de la D 540 (dans le virage juste après l’ancien étang de pisciculture en venant de Montélimar). Elle a été rasée pour une question de sécurité pour les riverains.

Le Poët Laval

Elle est toujours là, mais un corps de bâtiment accolé a été construit récemment. Il y avait une grue pour pouvoir charger des marchandises sur les wagons (des poteries, mais également des grenades qui pendant la première guerre mondiale étaient fabriquées dans cette commune).

A Rivales fut créé en 1896 un embranchement pour les poteries (activité alors importante).

Dieulefit

Enfin on arrive à Dieulefit, terminus de la ligne : bâtiment identique à celui de Montélimar-Espoulette. Le bâtiment a été surélevé dans un deuxième temps pour mettre un logement à disposition du chef de gare ; il y avait également une remise à locomotive, rasée dans le passé et plusieurs voies (4, dont 2 principales). Une grue permettait le chargement des marchandises sur les wagons ; un stock important de charbon était entreposé pour les locomotives. L’eau pour ces dernières était soutirée dans un canal qui passait sous la plateforme de la gare ; elle alimentait les engins à vapeur par le biais d’une pompe à vide située sur les locomotives.

Les gares les plus imposantes étaient celles de Montélimar-Espoulette et de Dieulefit. Les abris-gares de Puygiron, La Bâtie Rolland, Portes en Valdaine, Souspierre et Poet Laval étaient identiques. Celle de Portes en Valdaine (visible de la route) a été récemment déplacée et reconstruite à l’identique, suite à des travaux d’élargissement de la D 540 et à l’aménagement du carrefour. Tout au long de la ligne il y avait également de nombreux arrêts sans abri ni gare; le train s’y arrêtait s’il y avait quelqu’un, mais pas d’arrêt ni d’horaire fixe.

Quelques anecdotes et fait-divers relatifs à la circulation du train

L’accident de la Bégude de Mazenc (1897)

De nombreux accidents furent déplorés au cours des années d’exploitation : le plus souvent des collisions entre le tramway et des voitures (en raison de l’étroitesse sur la route) ou survenant aux intersections car les animaux de trait, apeurés reculaient sur la voie lors du passage des trains. Beaucoup de ces accidents avaient des conséquences seulement matérielles mais des piétons ou passagers de charrettes furent parfois écrasés dans des circonstances horribles, rapportées dans la presse et alimentant des polémiques sur l’insécurité de ce train.
Un accident très spectaculaire eut lieu le 18 octobre 1897 : un petit convoi fût tamponné à Dieulefit, suite à une fausse manœuvre, et partit en roue libre de façon rétrograde , dévalant plusieurs kilomètres… jusqu’à la Bégude. Les voyageurs à son bord étaient terrorisés. Un courageux chef de train, Mr Demicheaux , tenta en vain de freiner le convoi dont finalement deux voitures déraillèrent et se couchèrent sur la voie traversant La Begude (en pleine rue, sur une double courbe inversée, au niveau de l’actuelle boulangerie), écrasant le malheureux employé et faisant quelques blessés légers .